Soleil, chemin de sel pur
Cette impression est renforcée par le peu d’égard porté au fond, à l’arrière-plan. L’artiste s’est attachée à rendre les traits, les postures, les expressions du visage sans se soucier du contexte environnant. Comme pour marquer leur isolement. Ou pour rendre leur solitude propre, leur façon personnelle d’être au monde. Certains portraits, probablement plus récents évoluent malgré tout dans un décor imaginaire, coloré, qui semble refléter plus l’esprit des personnages qu’un environnement dans lequel ils évolueraient. Le réel c’est les êtres. Ce qui les entoure, un monde imaginaire, parallèle ou la représentation de la pensée. On sera surpris par cet homme pensant figuré par un arbre de la connaissance qui l’illumine ou par cet autoportrait d’une autre éphémère devant un fond de feuillage arbitraire qui accueille des papillons révélant l’instant fugitif d’un sourire. L’homme et l’oiseau se démarquent peut-être des autres dans la mesure où le personnage central est en dialogue avec un petit être d’envol, en dialogue au-delà où en deça des mots bien sûr. On pourra voir aussi cette toile comme l’expression d’un être à l’écoute de sa part spirituelle et fragile. Il murmure plus qu’il ne crie. Il est sa propre énigme Il s’accorde à sa part non connue, invisible qui le différencie des autres. Les recherches de Marie-cécile Texier sont aussi dans la façon de rendre ces êtres. On pourrait y voir certaines ambivalences. Certains semblent désincarnés, comme coupés d’une réalité à laquelle ils ne voudraient pas se fondre. Renieraient-ils cette perception procurée par nos sens ? L’artiste voudrait-elle nous renvoyer à ses propres interrogations, à son refus de nous fier uniquement à ce que nos sens peuvent révéler ? Chercherait-elle à brouiller les pistes de nos sentiers battus ? D’autres portraits cependant nous montrent la chair, l’ossature, l’ombre et la lumière portés sur un visage. Comme pour nous aider à mieux le toucher, pour nous mener vers Là, probablement réside la gageure de l’artiste : créer l’union difficile du corps et de l’esprit. Une union d’autant plus mise en péril dans le contexte de nos sociétés modernes consuméristes, où l’être se définit moins parce qu’il est que par ce qu’il a. Où l’être est assimilé, fondu dans le groupe. Où l’être indépendant, différent est perçu comme un être étranger, marginal, dangereux ou malfaisant, où l’être à la rencontre de soi et des autres, tel un Van Gogh ou suicidé de la société est tout simplement écarté, relégué au désert de ses sentiments simplement parce qu’il a osé être lui-même, simplement parce qu’il a poussé sa passion, sa vision au-delà de nos retranchements. Aussi les paradoxes ne manqueront pas d’être présents. Solitude et isolement. Force d’être au monde selon son propre soleil clair ou caché – soleil éclatant par moments, soleil noir à d’autres. Ben Ares (Ben Arès est poète et écrivain. Installé à Toliara dans le sud de Madagascar) 2007 Exposition collective Galerie Daniel Vignal, Toulouse 2009 Exposition personnelle Traductions, Chapelle Dominicaine Carcassonne 2013 Festival International dArt Contemporain Cannes 2014 Salon Art Contemporain Artoulous'Expo Salon de Printemps Castres Médiathèque Mazamet Galerie Artiempo Toulouse 2015 Galerie Thuilier Paris
2016 Salon Art3F , Lyon
Concept Store Gallery St- Martin Paris
2018 Festival des Créateurs Tarn |